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McCartney à Paris : le rêve d’une vie

Par Jonathan Lemire, historien et fan des Beatles

Après avoir assisté coup sur coup avec mes parents aux concerts de Paul et Ringo au Fenway Park (Boston) et au Beacon Theater (New York), les 7 et 8 juin 2022, je caressais le rêve d’assister à un 11e spectacle de McCartney, mais cette fois avec mes deux filles.

Dès l’annonce de l’extension de sa tournée Got Back en Amérique du Sud et en Europe, il n’en fallait pas plus pour que je saute sur l’occasion de nous gâter et ainsi de nous procurer trois billets pour le concert prévu dans la Ville Lumière le 5 décembre dernier, en forfait « VIP » Platinum Hot Sound Package. C’était la première fois que je réussissais à me procurer de tels billets. D’ailleurs, je suis passé à un cheveu de pouvoir faire main basse sur des billets en première rangée, mais en vain. J’allais donc me contenter de la 20e rangée, mais en plein centre.

Depuis leur tendre enfance, mes deux filles, alors âgées de 15 et 17 ans, ont baigné dans l’univers musical des Beatles. C’était donc tout naturel de les inviter à un événement d’une aussi grande ampleur. J’allais donc réaliser un rêve de revoir mon idole en spectacle, mais cette fois avec mes enfants. Extrêmement excités, nous étions à quelques semaines du concert.

Cependant, environ 3 semaines avant l’événement, ma fille aînée, alors aux études au cégep, m’apprit qu’en raison de ses examens de fin de session, elle ne pourrait se joindre à nous pour ce périple. C’est donc avec le cœur brisé que je me mis à la recherche d’une troisième personne pour combler sa place. Après avoir affiché mon billet sur différentes plateformes, notamment sur plusieurs réseaux sociaux français et sur Beatles Québec, un lointain contact à moi s’est montré très intéressé. Et c’est le moins que je puis dire. Je vous le présente car à cause de lui, ce 11e concert allait revêtir une signification toute particulière. Il s’appelle Jean-Marc, 62 ans, beau-père d’un collègue de travail, passionné de golf, atteint d’un cancer incurable de l’œsophage et surtout grand fan des Beatles et de McCartney. Son rêve ultime, tout en haut de sa « bucket list » : assister à un concert de son idole, avant qu’il ne soit « trop tard ».

Ne pouvant refuser une telle demande, l’accord fut conclu et nous nous donnions dès lors rendez-vous devant l’aréna de La Défense à Paris en ce jeudi 5 décembre, en après-midi, pour assister au fameux test de son (« sound check »). Entre-temps, ma fille et moi avons bricolé une affiche dont j’étais assez fier et dont le propos traduisait un rêve utopique que j’avais depuis des années.

Le test de son

À notre arrivée devant l’aréna de Paris La Défense, nous ne pouvions qu’être impressionnés. D’une capacité de plus 40 000 places et d’une polyvalence inédite, cette salle est la plus grande du continent européen. Sir Paul y a d’ailleurs donné un premier concert le 28 novembre 2018, soit un an après son inauguration. Après s’être fait confisquer (consigner) notre affiche pour des raisons de grandeurs, nous sommes entrés pour recevoir nos souvenirs de l’événement : sac de transport, sac de sport spacieux, affiche numérotée de la tournée Got Back (sur 3000), passe souvenir, aimant et étiquettes pour valise. Ma fille et moi avions revêtu nos t-shirts « Now and Then » des Beatles. Nous étions environs 200 privilégiés à pouvoir assister au test de son. Positionnés derrière la seconde section de sièges au parterre devant la scène, nous avons eu droit à un mini-concert privé extraordinaire d’une durée d’environ une heure. C’était une première pour nous trois (moi, ma fille et Jean-Marc).

Voici les pièces interprétées lors du test de son du 5 décembre à Paris :

  • Matchbox
  • All My Loving
  • Magical Mystery Tour
  • Women and Wives
  • Let ‘Em In
  • From Me To You
  • Mrs. Vanderbilt
  • Ram On
  • Midnight Special
  • Queenie Eye
  • Lady Madonna

Ce fut un moment vraiment spécial. L’interdiction de filmer était de mise, mais nous pouvions prendre toutes les photos désirées. Après quoi, impossible de sortir de l’aréna. Nous étions carrément séquestrés à l’intérieur de l’enceinte. Les gens ayant des billets en admission générale commençaient à pénétrer à l’intérieur. Le spectacle était prévu pour 20h. Nous avions donc beaucoup de temps devant nous pour nous imprégner de l’endroit. Nous sommes alors entrés définitivement au parterre pour prendre nos sièges. Nous étions assez bien positionnés, soit en plein centre du parterre, rangée 20 (seconde rangée de la section D). 

Comme pour chaque concert de mon idole, je me dois d’acheter un t-shirt de la tournée. Ma fille et moi sommes rendus à un kiosque de souvenirs et nous nous sommes procuré trois chandails (le troisième étant pour mon aînée qui n’était pas là) ainsi qu’un programme de la tournée. Sur le chemin du retour vers nos places au parterre, quelle ne fut pas ma surprise de croiser nulle autre que Nancy Shevell, l’épouse de l’ex-Beatles. Un moment plutôt spécial je dois avouer car sur le fait, je me suis arrêté de marcher pour le réaliser et le dire à ma fille.

À nos sièges, nous étions entourés des membres (fort sympathiques) du fan club français Maccaclub, dont son sympathique président Dominique Grandfils. En soi, le spectacle ne fut pas très différent de ceux de la même tournée de 2022. Le « setlist » n’avait rien pour surprendre, ne serait-ce que pour l’ajout évident de Michelle pour ses paroles françaises et surtout la désormais légendaire Now and Then.

Now and Then

Certainement la pièce que j’attendais avec la plus grande impatience. Que dire… Sachant qu’elle faisait partie du spectacle, j’avais volontairement omis de visionner les clips de son interprétation (en Amérique du Sud et au Mexique) sur les réseaux sociaux. Et je n’ai pas été déçu. Cette magnifique chanson, qui a marqué ma vie lors de sa sortie le 2 novembre 2023, fut interprétée de manière grandiose par McCartney, du haut de ses 82 ans. Supportée par des images du vidéoclip (bonifiées), la chanson a été brillamment jouée. Je dois dire que j’ai versé quelques larmes. Vraiment très touchant. Et visiblement, je n’étais pas le seul à être touché par cette historique chanson. Après l’avoir chantée et jouée au piano, Paul se leva et s’appuya sur son piano, l’air très ému, pour vivre ce moment spécial et ainsi ressentir tout l’amour du public.

Encore une fois, fidèle à lui-même, le légendaire bassiste a interprété 36 chansons, soit 2h45 de concert, toujours sans entracte, sans une gorgée d’eau, et ce à 82 ans, il faut le rappeler. Il est sans contredit l’artiste le plus généreux de la planète. Le son était fabuleux dans l’aréna et sa voix, pas si mal du tout, malgré son âge avancé.

Liste des chansons, Paris, 5 décembre 2024 :

  • A Hard Day’s Night
  • Junior’s Farm
  • Letting Go
  • Drive My Car
  • Got To Get You Into My Life
  • Come On To Me
  • Let Me Roll It
  • Getting Better
  • Let ‘Em In
  • My Valentine
  • Nineteen Hundred and Eighty-Five
  • Maybe I’m Amazed
  • I’ve Just Seen a Face
  • In Spite of All the Danger
  • Love Me Do
  • Michelle
  • Dance Tonight
  • Blackbird
  • Here Today
  • Now and Then
  • Lady Madonna
  • Jet
  • Being For the Benefit of Mr. Kite !
  • Something
  • Ob-La-Di, Ob-La-Da
  • Band On the Run
  • Get Back
  • Let It Be
  • Live and Let Die
  • Hey Jude
  • I’ve Got A Feeling
  • Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (reprise)
  • Helter Skelter
  • Golden Slumbers
  • Carry That Weight
  • The End

Mais je dois dire que la magie ne provenait pas exclusivement de la scène. Souvent, durant le spectacle, il m’arrivait de tourner mon regard vers mon nouvel ami qui vivait l’expérience de sa vie. Rien de moins. Il m’a fait pleurer à plus d’une reprise rendant ainsi ce concert encore plus mémorable. Je l’ai vu chanter, danser, heureux, ému. Beaucoup de sourires complices furent échangés pendant cet événement. De vivre une telle joie par l’entremise de quelqu’un pour qui ce spectacle avait une tout autre signification, c’était quelque chose d’assez unique. Les émotions étaient à fleur de peau durant Now and Then et surtout The End alors que ma fille et moi chantions le dernier vers à tout rompre, les yeux dans les yeux.

Un souvenir marqué à jamais

Pour marquer ce moment de « communion » unique, j’avais fait une proposition à mes filles ; à savoir de se faire tatouer quelque chose en lien avec le spectacle. C’est précisément ce que nous avons fait à notre retour. Même notre acolyte accepta de se joindre à nous pour marquer le moment à jamais. Pour ma part, à défaut d’obtenir réellement l’autographe, je me suis fait tatouer la signature de Paul. Pour ma fille cadette présente au concert, elle a opté pour les paroles suivantes : « Take these broken wings and learn to fly. » Et comme quoi rien qui n’arrive pour rien, ma fille aînée, absente au spectacle, ainsi que Jean-Marc, avaient exactement la même idée de tatouage ; à savoir les paroles suivantes : « And in the end, the love you take is equal to the love you make. »

Je crois humblement que ces paroles reflètent exactement notre état d’esprit du moment. Signe du destin, de la Providence, qu’importe. À défaut de n’avoir pu compter sur la présence de ma grande fille, un homme, dont le destin est marqué au fer rouge, a pu bénéficier de son absence et ainsi réaliser le rêve le plus cher à ses yeux avant de mourir : voir Paul McCartney en concert au moins une fois dans sa vie.

Dans la vie, rien n’arrive pour rien. Il est donc vrai que l’amour que tu reçois est toujours égal à l’amour que tu donnes…

Crédits

  • Article publié en février 2025
  • Rédaction: M. Jonathan Lemire, historien et fan des Beatles
  • Révision: M. Richard Baillargeon et M. Alain Lacasse

3 réponses à “McCartney à Paris : le rêve d’une vie”

  1. Avatar de Lise Guénette
  2. Avatar de Hugo
  3. Avatar de Alain Lacasse

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